Pédagogie / Innovation / Technologie
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Réflexions sur l’Interpassivité : L’Humain et l’Intelligence Artificielle

En tant que passionnée de pédagogie et d’apprentissage centré sur l’élève, je ne peux m’empêcher de réfléchir à la relation complexe que nous entretenons avec l’intelligence artificielle (IA). Vincenzo Susca, dans ses travaux, met en lumière une notion intrigante : celle de l’interpassivité. Cette idée suggère que notre interaction avec l’IA ne se limite pas à une simple interactivité, mais qu’elle tend vers une forme de passivité où nous déléguons notre pensée et notre autonomie à des dispositifs technologiques. Cela soulève des questions essentielles sur notre rapport à la connaissance et à l’apprentissage.

L’interpassivité, telle que décrite par Susca, nous pousse à reconsidérer notre autonomie intellectuelle face à l’IA.

En tant qu’éducatrice, je suis particulièrement préoccupée par cette dynamique. Dans nos classes, nous encourageons l’autonomie, la créativité et la pensée critique. Cependant, l’IA, avec ses algorithmes sophistiqués et ses capacités d’analyse, peut parfois sembler offrir des réponses toutes faites, réduisant ainsi notre besoin de questionner et d’explorer. Cette dépendance à l’IA peut créer une forme de confort, mais elle peut également nous éloigner de l’essence même de l’apprentissage : la curiosité et la découverte.

Il est fascinant de constater que cette relation avec l’IA peut être comparée à celle que nous entretenons avec les paradis artificiels évoqués par Baudelaire. Tout comme ces substances peuvent nous offrir une échappatoire temporaire, l’IA peut nous séduire par sa capacité à simplifier nos vies. Cependant, cette séduction peut également engendrer une forme de dépendance, où nous perdons notre capacité à penser par nous-mêmes. En tant qu’éducateurs, nous devons être vigilants et veiller à ce que nos apprenants ne deviennent pas des consommateurs passifs d’informations, mais des acteurs actifs de leur propre apprentissage.

Dans le monde du sport, cette dynamique est également présente. Prenons l’exemple d’un athlète qui s’appuie trop sur des technologies de performance. Bien que ces outils puissent améliorer ses résultats, ils peuvent également le rendre moins attentif à son propre corps et à ses sensations. De la même manière, l’IA peut nous aider à traiter des informations complexes, mais elle ne doit pas remplacer notre capacité à réfléchir, à questionner et à apprendre de manière autonome.

En conclusion, la réflexion de Vincenzo Susca sur l’interpassivité nous invite à repenser notre rapport à l’intelligence artificielle. En tant qu’éducateurs, nous avons la responsabilité de guider nos apprenants vers une utilisation consciente et critique de ces technologies. L’IA peut être un outil puissant, mais elle ne doit jamais remplacer notre humanité, notre curiosité et notre désir d’apprendre. C’est en cultivant ces qualités que nous pourrons véritablement tirer parti des avancées technologiques tout en préservant notre autonomie intellectuelle.

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