L’avenir de l’enseignement supérieur en Inde : une tendance à la privatisation et à la compétitivité croissante
L’Inde s’est fixé pour objectif de développer dix universités privées en “institutions de classe mondiale” aux côtés de dix des meilleures institutions publiques. Le gouvernement prévoit d’augmenter les dépenses en matière d’éducation et de porter le taux brut de scolarisation dans l’enseignement supérieur à 50 % d’ici 2035. L’agenda néolibéral de l’administration actuelle et sa focalisation sur la privatisation laissent entendre que l’enseignement supérieur privé continuera de jouer un rôle important en Inde. Le gouvernement a mis en place des politiques visant à développer l’enseignement supérieur privé et à transférer les financements des sources publiques vers les sources privées. La Politique nationale de l’éducation (NEP) vise à consolider et à transformer le système d’enseignement supérieur, ce qui se traduira par moins d’institutions mais de plus grandes envergures et multidisciplinaires. La NEP permet également aux universités étrangères d’établir des campus délocalisés en Inde, ce qui accroît la concurrence tant pour les universités publiques que privées. Cependant, la mise en œuvre de ces réformes pourrait rencontrer des défis et des retards en raison du système politique fragmenté de l’Inde. Malgré d’éventuels revers, le paysage de l’enseignement supérieur en Inde devrait devenir de plus en plus marchandisé et compétitif.
En tant que pédagogue passionnée par l’apprentissage centré sur l’élève, je suis préoccupée par cette tendance à la privatisation de l’enseignement supérieur en Inde. Bien que l’objectif de développer des institutions de classe mondiale puisse sembler louable, il est important de se demander quelles en seront les conséquences pour les étudiants et pour l’égalité des chances.
La privatisation de l’enseignement supérieur peut entraîner une augmentation des frais de scolarité, ce qui pourrait exclure les étudiants issus de milieux défavorisés. De plus, les universités privées ont souvent tendance à se concentrer sur des domaines d’études plus rentables, au détriment des disciplines moins populaires mais tout aussi importantes. Cela pourrait entraîner une réduction de la diversité des programmes d’études disponibles pour les étudiants.
Par ailleurs, la compétitivité accrue entre les universités, tant publiques que privées, pourrait entraîner une course à la recherche de financements et de reconnaissance internationale. Cela pourrait conduire à une pression accrue sur les enseignants et les chercheurs pour produire des résultats rapidement, au détriment de la qualité de l’enseignement et de la recherche.
Enfin, la mise en place de campus délocalisés par des universités étrangères pourrait également avoir des conséquences sur la culture et l’identité de l’enseignement supérieur indien. Il est important de préserver la richesse et la diversité de la culture indienne dans l’enseignement supérieur, tout en favorisant les échanges internationaux.
Il est essentiel que le gouvernement indien veille à ce que ces réformes soient mises en œuvre de manière équitable et équilibrée, en garantissant l’accès à l’enseignement supérieur pour tous les étudiants, quel que soit leur milieu socio-économique. Il est également important de soutenir les universités publiques et de veiller à ce qu’elles disposent des ressources nécessaires pour offrir une éducation de qualité.
En conclusion, l’avenir de l’enseignement supérieur en Inde semble se diriger vers une privatisation croissante et une compétitivité accrue. Bien que cela puisse apporter des avantages en termes de développement d’institutions de classe mondiale, il est important de veiller à ce que cela ne compromette pas l’accès à l’éducation pour tous les étudiants et la qualité de l’enseignement et de la recherche. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les intérêts économiques et la mission éducative de l’enseignement supérieur.