En tant qu’écrivain, j’ai toujours été fasciné par la nature de la réalité et la manière dont elle est perçue par les individus. Dans le contexte de la Cisjordanie, cette question prend une dimension particulièrement poignante. La présence de plus de 800 barrières et points de contrôle israéliens ne se contente pas de compliquer la circulation ; elle crée une réalité où les déplacements deviennent un acte de résistance. Les Palestiniens, confrontés à des restrictions sévères, doivent naviguer dans un paysage où la technologie, loin d’être un simple outil, devient un moyen de survie.
Dans un monde où la réalité est façonnée par des forces extérieures, la technologie locale émerge comme un phare d’espoir et de résilience.
Les applications comme Azmeh et Doroob, ainsi que les groupes WhatsApp, illustrent cette dynamique. Elles ne se contentent pas de fournir des informations sur les conditions de circulation ; elles créent un réseau de solidarité et d’entraide. Dans un environnement où les outils classiques comme Google Maps échouent à représenter la réalité palestinienne, ces innovations locales deviennent essentielles. Elles permettent aux utilisateurs de partager des informations en temps réel, transformant ainsi la manière dont les Palestiniens interagissent avec leur environnement.
La violence croissante, avec près de 1700 attaques par des colons, accentue encore cette nécessité de solidarité. Voyager en groupe devient une stratégie de protection, une réponse à une réalité où la sécurité est constamment menacée. Ce phénomène rappelle les thèmes de l’aliénation et de l’identité que j’ai explorés dans mes œuvres. Les Palestiniens, en cherchant à préserver leur humanité face à l’oppression, se retrouvent dans une lutte pour la reconnaissance de leur existence, tant sur le plan physique que numérique.
La cartographie locale, notamment via OpenStreetMap, joue également un rôle crucial dans cette lutte. En documentant les villages et les routes palestiniens, elle s’oppose aux biais des grandes plateformes qui favorisent les colonies illégales. Ce processus de cartographie n’est pas seulement une question de géographie ; il s’agit d’une affirmation de l’identité et de la résistance. En redéfinissant les contours de leur réalité, les Palestiniens s’efforcent de revendiquer leur place dans un monde qui cherche à les effacer.
En fin de compte, la question de ce qui est réel et de ce qui constitue l’humain se pose avec une acuité particulière dans ce contexte. Les Palestiniens, en utilisant la technologie pour naviguer dans un monde de simulacres, nous rappellent que la réalité est souvent une construction sociale, façonnée par des luttes de pouvoir. Dans cette quête de vérité et de reconnaissance, ils incarnent une résilience qui transcende les frontières et les barrières, nous invitant à réfléchir sur notre propre compréhension de la réalité et de l’humanité.
