En tant que passionnée de pédagogie, je suis convaincue que l’éducation doit évoluer pour répondre aux défis contemporains, notamment ceux posés par l’intelligence artificielle. Dans un monde où le contenu généré par l’IA inonde notre paysage numérique, il est essentiel que nos élèves ne se contentent pas d’une simple littératie numérique. Ils doivent développer ce que j’appelle “l’endurance intellectuelle”, c’est-à-dire la capacité à questionner, évaluer et discerner les informations crédibles des fausses.
Dans un monde où l’IA produit du contenu convaincant mais parfois trompeur, enseigner aux élèves comment penser de manière critique est vital.
La pensée critique, comme l’a défini John Dewey en 1933, est une considération active et attentive des croyances basées sur des preuves. Elle va au-delà de la simple acquisition de connaissances ; elle implique une réflexion raisonnable et réfléchie sur ce que nous croyons ou faisons, comme l’a souligné Richard Ennis en 2015. Dans un contexte éducatif, cela signifie que nous devons encourager nos élèves à remettre en question les informations qu’ils rencontrent, à analyser les arguments et à juger la crédibilité des sources.
Pourquoi la pensée critique est-elle si cruciale aujourd’hui ? Elle protège nos élèves contre la manipulation, améliore leur prise de décision, remet en question les hypothèses, favorise la citoyenneté active et aiguise leur apprentissage. En particulier, elle leur permet de repérer la désinformation et la mésinformation, des compétences indispensables dans notre ère numérique.
Pour développer ces compétences, il est essentiel d’inculquer aux élèves certaines dispositions d’esprit, comme la recherche de clarté et de raisons, l’ouverture d’esprit et la volonté de changer d’avis. En tant qu’éducateurs, nous devons leur fournir des outils pour analyser les arguments, comprendre les données et reconnaître les sophismes. Cela nécessite une approche pédagogique active et collaborative, où les élèves sont encouragés à participer à des discussions, à poser des questions et à explorer des perspectives variées.
Enfin, je pense qu’il est crucial d’intégrer des cadres d’analyse de la pensée, comme ceux proposés par Paul et Elder, dans nos curricula. En posant des questions sur le but, les informations, les inférences et les points de vue, nous aidons nos élèves à structurer leur pensée et à naviguer dans un paysage informationnel complexe. Cela représente notre meilleure défense contre la désinformation et un pas vers une éducation qui prépare véritablement nos élèves à un avenir façonné par l’IA.
En conclusion, la pensée critique n’est pas seulement une compétence à enseigner, mais un état d’esprit à cultiver. En tant qu’éducateurs, nous avons la responsabilité de préparer nos élèves à devenir des penseurs critiques, capables de naviguer dans un monde où l’information est à la fois abondante et parfois trompeuse.
