En tant qu’écrivain, j’ai toujours été fasciné par la nature de la réalité et par la manière dont elle peut être manipulée, interprétée et redéfinie. Le projet JENII, qui a vu le jour entre 2021 et 2025, illustre parfaitement cette quête de compréhension. En développant 15 « jumeaux numériques » pour l’enseignement supérieur en France, ce projet soulève des questions essentielles sur la nature de l’apprentissage et sur ce que signifie réellement « être présent » dans un environnement éducatif.
Le projet JENII nous invite à réfléchir sur la frontière entre le réel et le virtuel, et sur l’impact de cette frontière sur notre compréhension et notre apprentissage.
Ces jumeaux numériques, qui reproduisent des objets ou processus physiques, offrent une simulation qui, à première vue, semble prometteuse. Ils permettent aux étudiants de s’engager dans des situations d’apprentissage sécurisées, tout en réduisant la consommation de ressources. Cependant, cette innovation soulève une question cruciale : qu’est-ce qui constitue l’humain dans un environnement où l’interaction physique est remplacée par une interface numérique ? La présence physique, l’interaction humaine et l’expérience sensorielle sont des éléments fondamentaux de l’apprentissage, et il est légitime de se demander si ces jumeaux numériques peuvent réellement les remplacer.
En outre, bien que ces outils virtuels puissent accroître l’engagement des étudiants grâce à un sentiment de présence, ils ne garantissent pas nécessairement une amélioration de la mémorisation ou de la compréhension par rapport aux méthodes traditionnelles. Cela me rappelle mes propres réflexions sur l’illusion et la réalité. Dans mes œuvres, j’ai souvent exploré comment les simulacres peuvent créer des perceptions déformées de la réalité. Dans le contexte éducatif, cela pourrait signifier que les étudiants, bien qu’engagés, pourraient ne pas acquérir une compréhension plus profonde des concepts qu’ils étudient.
Il est donc impératif de considérer ces innovations avec un regard critique. La technologie, bien qu’elle puisse enrichir l’expérience d’apprentissage, ne doit pas devenir une fin en soi. La question demeure : qu’est-ce qui est réel dans cette nouvelle réalité numérique ? Et comment pouvons-nous nous assurer que l’humanité, avec toutes ses nuances et ses complexités, ne soit pas perdue dans le processus ?
En conclusion, le projet JENII représente une avancée significative dans l’innovation pédagogique, mais il nous rappelle également que la quête de la connaissance et de la compréhension humaine ne peut se limiter à des simulations. La réalité, qu’elle soit physique ou numérique, doit toujours être interrogée, car c’est dans cette interrogation que réside notre humanité.
