En tant qu’écrivain, j’ai toujours été fasciné par la nature de la réalité et la manière dont nous, en tant qu’êtres humains, projetons nos désirs, nos peurs et nos aspirations sur le monde qui nous entoure. La projection est une facette essentielle de notre existence, que ce soit à travers nos rêves, nos ambitions ou même nos interactions sociales. Cependant, il est crucial de reconnaître que la déprojection totale est une illusion. Nous sommes constamment en train de projeter, que ce soit de manière individuelle ou collective, et cette dynamique est profondément influencée par les conditions sociales dans lesquelles nous évoluons.
La projection est inévitable, mais elle peut être orientée vers des fins authentiques ou, au contraire, vers des logiques capitalistes déshumanisantes.
Dans le contexte du néolibéralisme, cette capacité de projection est souvent transférée aux acteurs privés, laissant l’État dans un rôle passif. Cela soulève une question fondamentale : qu’est-ce qui constitue l’humain dans un système qui privilégie le profit au détriment de l’épanouissement personnel et collectif ? Je propose l’idée d’un « droit à la projection » institutionnel, qui pourrait se manifester par un salaire à vie basé sur la qualification personnelle. Cela permettrait aux individus de s’émanciper des logiques capitalistes et de se concentrer sur des projets qui ont du sens, tant pour eux-mêmes que pour la société.
Il est également essentiel de reconnaître que la destruction environnementale que nous observons aujourd’hui n’est pas simplement le résultat d’un excès de projets, mais plutôt d’un défaut de projet véritable. Les grands projets capitalistes, souvent motivés par la recherche du profit, négligent les fins authentiques qui pourraient réellement enrichir notre existence. En ce sens, il est impératif de réévaluer nos priorités et de privilégier des activités « improjectives » telles que la fête, le jeu ou la danse, qui se suffisent à elles-mêmes et favorisent une société plus réfléchie et respectueuse de l’environnement.
En conclusion, la projection est une composante inextricable de notre humanité. Elle peut être un outil d’émancipation ou un piège qui nous enferme dans des logiques destructrices. En tant qu’individus et en tant que société, nous devons apprendre à orienter nos projections vers des fins qui nourrissent notre humanité, tout en préservant notre planète. La question demeure : comment pouvons-nous, en tant qu’êtres humains, créer un espace où nos projections peuvent s’épanouir sans être étouffées par les exigences du capitalisme ? C’est là un défi qui mérite notre attention et notre réflexion.
