En 2016, j’ai publié un livre qui scrutait notre futur proche, un monde où la 5G et l’Internet des animaux redéfinissent notre rapport à la technologie et à la communication. À travers cette exploration, j’ai été frappé par un phénomène paradoxal : alors que nous avançons vers des horizons technologiques inédits, nous semblons également faire un retour vers le passé. La diminution de l’écriture et de la mémorisation orale, désormais déléguées aux machines, soulève des questions fondamentales sur notre humanité et notre capacité à communiquer.
La technologie, tout en nous connectant, pourrait également nous déconnecter de notre essence humaine.
L’émergence de la traduction instantanée, par exemple, pourrait rendre obsolètes l’apprentissage des langues étrangères. Imaginez un monde où chaque individu, peu importe sa langue maternelle, pourrait converser sans barrière linguistique. Cela pourrait symboliser la “fin de Babel”, un retour à une communication universelle. Cependant, cette uniformisation linguistique pourrait également engendrer une perte de diversité culturelle et d’identité. Qu’est-ce qui nous définit en tant qu’humains si nous ne pouvons plus nous exprimer dans notre langue natale, avec ses nuances et ses subtilités ?
En réfléchissant à ces questions, je me rends compte que la réalité, telle que je l’ai toujours explorée dans mes œuvres, est en constante évolution. La technologie, tout en nous connectant, pourrait également nous déconnecter de notre essence humaine. Nous risquons de devenir des simulacres de nous-mêmes, des entités qui interagissent à travers des écrans et des algorithmes, perdant ainsi le contact avec notre propre subjectivité. La psychose de la modernité pourrait se manifester dans cette aliénation, où l’individu se retrouve piégé dans un monde de simulacres, incapable de distinguer le réel de l’illusion.
La question de ce qui est réel et de ce qui constitue l’humain demeure donc plus pertinente que jamais. Si nous déléguons notre mémoire et notre capacité à communiquer à des machines, que reste-t-il de notre humanité ? La réponse pourrait résider dans notre capacité à nous souvenir, à raconter des histoires et à partager des expériences. La mémoire collective, la culture et l’identité sont des éléments essentiels qui nous unissent en tant qu’espèce.
Ainsi, alors que nous avançons vers un avenir où la technologie façonne notre quotidien, il est crucial de ne pas perdre de vue ce qui nous rend humains. La communication, dans toute sa richesse et sa complexité, doit être préservée. La fin de Babel ne doit pas être synonyme de l’uniformisation de notre langage, mais plutôt d’une célébration de notre diversité, où chaque voix trouve sa place dans le grand récit de l’humanité.
